Les livres
Le Mexique Le Brésil L'Angleterre
Mexique,
au pays Tarahumara
128 pages
ed. L'Harmattan
1988
Extrait du livre

Qui s'occupe de ton champs de maïs ?

Le lendemain nous partons dans la Sierra à la recherche de la maison d'Elena ; je dis bien : à la recherche... car la seule indication qu'elle m'ait donnée est "Arriba" (en-haut).
Il faut s'habituer à ces renseignements approximatifs pour trouver divers lieux. Dans la région on ne se repère que par rapport à la rivière, en haut ou en bas et au relief, sur la mesa (le plateau) ou dans la vallée. Les premières recherches sont difficiles. Après 2 jours de marche dans tous les sens, nous finissons par apercevoir une grande maison de pierres au toit de tuiles (tabletas).Un Indien nous confirme que c'est bien là que vit Elena. Nous en sommes à une cinquantaine de mètres et restons ébahis devant cette maison absolument magnifique ! Des enfants jouent autour et lorsqu'ils nous aperçoivent, ils filent à l'intérieur. Nous nous arrêtons et nous asseyons en ayant soin de ne pas tourner le visage vers la maison, même le regard ne doit pas déranger. Une longue jupe rouge glisse hors de la pièce où sont entrés les enfants, Elena finit par sortir, regarde de notre côté puis va s'occuper du feu. Quelques instants plus tard, elle se tourne vers nous et fait signe d'avancer. Elle semble à la fois intriguée et amusée de nous voir là. Nous sommes très intimidés, on parle de choses et d'autre, de la pluie mais certainement pas du beau temps. Elle montre le champs de maïs devant elle, il est très grand. Tout à coup elle demande : -"Quien cuida su maïs ?" (Qui s'occupe de ton maïs pendant que tu es ici ?)
Interloquée d'abord, je finis par répondre que ce sont nos parents qui s'en occupent. C'est un mensonge bien sûr, mais comment expliquer que nous vivons sans maïs ? Le maïs chez le Tarahumara c'est l'essentiel, c'est la vie...

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Brésil, "la folie grandeur nature"
144 pages
ed.Anako
1991

Extrait du livre | Infos sur le Brésil

LE NORD-EST

Sous l'avion défilent de plus en plus vite les quadrillages des champs et des rues. La brume des réacteurs s'effiloche, le sol s'approche, l'angoisse monte, le choc, la vibration des freins... Enfin l'atterrissage rédempteur. L'hôtesse de la Varig ondule, la porte s'ouvre : nous voici à Juazeiro do Norte.
C'est malin de vous raconter ça : en fait, nous sommes arrivés par la route et quelle route ! La saison des pluies, après neuf ans de sécheresse, a défoncé le macadam entre Salvador et Juazeiro do Norte. A la sortie de Feira de Santana, la chanson de Luiz Gonzaga hoquette sur le radiocassette; on suit le rythme du frevo sans difficulté, le bus s'en charge. Le chauffeur n'a plus un millimètre à compresser, tant pis pour le pourcentage. Les peaux et les odeurs se mélangent.
Un policier, dont le revolver vient se frotter contre ma joue, est resté debout afin de me séparer d'une famille de Gitans, les cheveux en bourre, tout en haillons, en hurlements. Témoins de cette intrusion, les Brésiliens, révulsés par le cri de la misère gitane, commentent en sourdine. Ils ont le souci de plaindre plus pauvre qu'eux, alors qu'ils vivent déjà dans le dénuement. Le policier, offusqué, a cru bon de m'écarter d'une réalité trop violente.
Le Nord-Est est une agression perpétuelle d'êtres engendrés par la cruauté du destin, d'enfants, d'hommes et de femmes perdus sur les routes ou dans les rues. Pour seul recours, ils se servent de leur handicap afin de survivre. A Recife, ce sont des grappes d'enfants qui viennent à la sortie des hôtels. Une vraie cour des miracles ! Il n'est plus possible de répondre à chacun. Le coeur meurtri, les nantis vont quand même vers le restaurant quotidien. Mais pourquoi donc les portions servies sont-elles si bon marché et si copieuses ? Où vont donc les restes ? Du temps des militaires, un journaliste a déclenché un scandale en réalisant un reportage sur les poubelles des généraux : on y trouvait des repas entiers, intacts ! Il est fréquent que les enfants mendiants viennent partager vos restes.
Agissent-ils sous l'influence d'un meneur, de leur famille, ou individuellement ? A-t-on le droit de se poser ces questions, quand on connaît le poids de l'histoire, le poids du quotidien ? La misère est là, on se sent incapable d'y remédier. Le problème est trop vaste : sur 150 millions d'habitants, la moitié a moins de quinze ans...
L'éducation est certainement la plus grande carence du Brésil et même de toute l'Amérique latine. ...

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Lumières sur l'Angleterre
160 pages
100 photos couleur
ed. Barthélémy
1997
Extrait du livre

AVANT PROPOS


VOUS AVEZ DIT "ANGLETERRE" ?

Oui au fait, de quel pays, de quel peuple parlons-nous ? Les Anglais eux-mêmes cultivent à ce propos une attitude assez floue, qui n’utilisent pas moins de six noms pour désigner leur territoire, avec chaque fois une nuance qu’il importe de saisir de crainte d’un malentendu.
Les Iles britanniques, c’est tout ce qui n’est pas le Continent. Retranchez-en l’Irlande indépendante (ce qu’elle fait chaque fois qu’on lui demande son avis), et vous obtenez le Royaume-Uni (United Kingdom ou, plus souvent, U.K.) terre des sujets de Sa Gracieuse Majesté, et qui, comme son nom complet l’indique, comprend la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord. Otez-en donc cette dernière, et il vous reste la Grande-Bretagne (Great Britain) – que ses habitants, toutefois, nomment plus souvent Britain tout court (ou, plus noblement, Britannia), puisque l’Armorique, refuge des anciens Bretons, devrait en fait se nommer ‘Petite Bretagne’, et non ‘Bretagne’ tout court ; ce qui n’empêche pas les habitants de la ‘Grande’ de se dénommer indifféremment British (au sens politique) ou Brittons (au sens ethnique), avec un flou qui a le don d’énerver les Ecossais, lesquels veulent bien se reconnaître British, mais certainement pas Brittons, puisqu’ils sont en fait (comme leur nom de Scots, ‘pirates’, l’indique mal) un mélange d’Irlandais celtiques et de Pictes pré-celtiques. On retranchera donc encore l’Ecosse pour ne garder que l’Angleterre, terre des Anglais – sans parvenir encore à mettre tout le monde d’accord, puisque les Gallois (qui sont eux, d’authentiques Brittons, comme les Bretons de France, mais n’utilisent plus ce mot puisque les Anglais se le sont approprié) et les Corniques (qui sont des Anglais, mais préféreraient être des Bretons), quoiqu’ils aient fini par admettre qu’ils font partie de l’Angleterre, ne s’estiment pas Anglais pour autant ; raison pour laquelle les Anglais, les vrais-et-fiers-de-l’être, recourent de préférence, dans les moments d’exaltation, à un sixième nom encore, Albion, dont nul ne sait au juste ce qu’il signifie (‘blanc’, comme les falaises de craie ?), mais qu’au moins personne ne leur dispute...

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